Réunion de crise des voyageurs pris dans la tourmente. Il apparaît que
la route de Yangon est fermée, l’un des ponts ayant été submergé. Une
alternative consisterait à descendre au sud, jusqu’à la ville de Mawlamyine,
pour prendre un train qui nous permettrait de rallier la capitale. Mais rien ne
dit qu’il roule encore. Personne ne sait rien et la connexion Internet qui
fonctionne toujours ne nous est d’aucune aide : visiblement, tout le monde
se contrefiche de ce qui peut bien se passer dans cette partie reculée de la
Birmanie.
Nous
apprendrons par la suite que même le gouvernement du Myanmar a dangereusement
sous-estimé la gravité de la situation. A l’heure où nous nous interrogeons
dans notre hôtel en voie de submersion, 10.000 personnes ont déjà dû quitter
leurs maisons (le chiffre atteint 50.000, aux dernières nouvelles) et l’on
déplore plusieurs dizaines de morts. Cette erreur d’appréciation vaudra à Aung
San Suu Kyi un voyage dans le sud et des excuses officielles quoique un peu
tardive…
Mais
nous ne savons rien encore de tous ceux-ci, bien sûr. Et faute d’informations,
nous ne pouvons nous en remettre qu’à notre instinct. Le nôtre nous dit de nous
éloigner de la zone au plus vite – même si cela nous force à faire demi-tour.
Or la route de Mae Sot est toujours ouverte… pour le moment. La décision est prise
mais si les Belges nous emboîtent le pas, de même qu’un couple de jeunes
Françaises rencontrées ce soir-là, la famille française hésite encore. L’infirmière
californienne de Laszlo et son petit-ami français comptent tenter leur chance
dans le sud (nous apprendrons par la suite que le train ne passe plus). Quant à
l’Australien vivant à Yangon, il se réjouit plutôt d’avoir une bonne excuse
pour prolonger ses vacances…
Le
lendemain matin, l’eau a encore monté. Elle a totalement envahi le hall de
réception de l’hôtel et le personnel a dû surélever tout ce qui craignait l’humidité
– ordinateur, imprimante, dossiers divers… C’est en canoë que l’on vient nous
chercher pour nous conduire aux voitures qui doivent nous ramener à la
frontière.
Le
voyage du retour se passe relativement bien. Mais à plusieurs reprises, notre
quatre-quatre franchit des ornières pleines d’eau si profonde que le chauffeur
doit recouvrir le moteur d’une couverture pour empêcher qu’il ne soit noyé.
Nous aidons une autre voiture moins chanceuse que la nôtre à sortir de l’un de
ces pièges aquatiques.
Sur
les côtés de la route, une file ininterrompue de camions stationne, attendant
que la route soit de nouveau praticable, ce qui ne se produira certainement pas
avant plusieurs semaines. En attendant, Hpa-An et les autres villes de la
région risquent de souffrir de graves problèmes d’approvisionnement. Nous
sommes de plus en plus convaincus d’avoir pris la bonne décision. Notre
chauffeur doit penser la même chose puisqu’il a profité de ce voyage pour
évacuer sa « darling » et leur adorable petite fille.
En
arrivant en vue du pont de l’amitié, nous ne pouvons réprimer un soupir de
soulagement. Après avoir pris congé de notre chauffeur, le remerciant
profusément pour son aide, nous franchissons la frontière pour la seconde fois
en l’espace de quarante-huit heures. Le temps de faire découvrir la Casa Mia et
ses banana pancakes aux autres Réfugiés de Hpa-An, nous voilà tous dans un bus
en direction du sud.
Journal de Zaz :
Bah… Au début, il pleuvait beaucoup. Quand
on est montés dans la chambre d’hôtel, j’ai vu la place du marché sous l’eau.
J’ai été très impressionné : les journées étaient de pire en pire, il
n’arrêtait pas de pleuvoir. En descendant de la chambre pour aller prendre le
petit-déjeuner, j’ai vu des personnes en bas et on s’est rendu compte que le
rez-de-chaussée de l’hôtel avait quarante centimètres d’eau. On a tenté d’aller
à Rangoon mais le pont était recouvert par l’eau. Du coup, on a décidé de
revenir à Mae-Sot. On est sortis de l’hôtel en bateau (!) jusqu’à un endroit où
il n’y avait plus d’eau. Là, on a pris une voiture pour Mae-Sot.
En Thaïlande,
on a mangé dans un très bon restaurant appelé La Casa mia. Il plaira à ceux à qui la nourriture
d’Europe manque. Ne prenez pas les crêpes – elles sont faites à la façon
thaïlandaise et ne sont pas très bonnes.
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