lundi 13 août 2018

Borderlands


Dimanche 22 juillet 2018, Mae Sot/Umphang

La route qui rallie Mae Sot à Umphang porte le surnom enchanteur d’autoroute du ciel. Et si le terme d’autoroute peut paraître usurpé, la dimension céleste, elle, est bien réelle. S’élançant à l’assaut des sommets, la route surplombe de superbes vallées verdoyantes. Ce faisant, elle serpente inlassablement à flanc de montagne, décrivant plus de 1600 tournants – pour le plus grand malheur de ceux qui ont l’oreille interne trop sensible.

Le petit songthaew qui nous conduit à Umphang prend des aspects de radeau de la musique lorsque les passagers se mettent tous à vomir les uns après les autres dans de petits sacs en plastiques. Romantique.

Il faut d’ailleurs rendre hommage à la résistance increvable de ces songthaews, petites camionnettes pick-up transformées en bus qui sont capables d’emporter des dizaines de passagers entassés à l’arrière ou accrochés aux échelles qui permettent d’accéder à la galerie des bagages. Ce sont eux qui assurent la desserte des camps de réfugiés disséminés le long de la frontière.


Car la chute du régime des militaires ne semble pas avoir suffi à rassurer les membres de l’ethnie minoritaire karen qui continuent de fuir en masse la Birmanie, espérant trouver en Thaïlande une vie plus douce. Les camps de réfugiés sont devenus des enclaves plus ou moins permanentes. Ce sont eux qu’essaient de rallier les immigrés clandestins qui savent que, sans ce passage obligé, ils ne peuvent espérer s’installer de ce côté-ci de la frontière.

Nous ne resterons pas en Birmanie assez longtemps pour nous faire une idée de la situation des Karens. En revanche, lorsque le moment viendra pour nous d’évacuer rapidement le pays, nous constaterons que la région qu’ils habitent est presque totalement dépourvue d’infrastructures routières (qui auraient pu nous permettre de rallier Yangon). Sur la route de Myawaddy à Hpa-An, nous remarquerons également un nombre impressionnant de checkpoints de l’armée.

Mais revenons-en à Umphang. Lorsque nous atteignons ce village après plus de 180 kilomètres de route sinueuse, il nous apparaît comme un endroit totalement reculé, coupé de tout. Il ne s’agit en fait que d’une illusion d’optique : s’il est désert à cette époque pluvieuse de l’année, tel n’est pas le cas lors de la saison sèche. De nombreux touristes thaïs s’y pressent alors pour s’enfoncer dans la « jungle » (toujours entre guillemets) et découvrir la cascade de Thi Law Su.

Après avoir réservé un trek pour le lendemain, nous dînons en regardant d’un œil distrait des matchs de boxe thaïe diffusés à la télévision.

Journal de Zaz :

Bah… Pour ceux qui ont le mal des transports, je vous conseille d’amener un sac plastique… ou même deux.

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