Dimanche 22 juillet 2018, Mae Sot/Umphang
La
route qui rallie Mae Sot à Umphang porte le surnom enchanteur d’autoroute du
ciel. Et si le terme d’autoroute peut paraître usurpé, la dimension céleste,
elle, est bien réelle. S’élançant à l’assaut des sommets, la route surplombe de
superbes vallées verdoyantes. Ce faisant, elle serpente inlassablement à flanc
de montagne, décrivant plus de 1600 tournants – pour le plus grand malheur de
ceux qui ont l’oreille interne trop sensible.
Le petit songthaew qui nous
conduit à Umphang prend des aspects de radeau de la musique lorsque les passagers
se mettent tous à vomir les uns après les autres dans de petits sacs en
plastiques. Romantique.
Il
faut d’ailleurs rendre hommage à la résistance increvable de ces songthaews,
petites camionnettes pick-up transformées en bus qui sont capables d’emporter des
dizaines de passagers entassés à l’arrière ou accrochés aux échelles qui
permettent d’accéder à la galerie des bagages. Ce sont eux qui assurent la
desserte des camps de réfugiés disséminés le long de la frontière.
Car
la chute du régime des militaires ne semble pas avoir suffi à rassurer les
membres de l’ethnie minoritaire karen qui continuent de fuir en masse la
Birmanie, espérant trouver en Thaïlande une vie plus douce. Les camps de
réfugiés sont devenus des enclaves plus ou moins permanentes. Ce sont eux
qu’essaient de rallier les immigrés clandestins qui savent que, sans ce passage
obligé, ils ne peuvent espérer s’installer de ce côté-ci de la frontière.
Nous
ne resterons pas en Birmanie assez longtemps pour nous faire une idée de la
situation des Karens. En revanche, lorsque le moment viendra pour nous
d’évacuer rapidement le pays, nous constaterons que la région qu’ils habitent
est presque totalement dépourvue d’infrastructures routières (qui auraient pu
nous permettre de rallier Yangon). Sur la route de Myawaddy à Hpa-An, nous
remarquerons également un nombre impressionnant de checkpoints de l’armée.
Mais
revenons-en à Umphang. Lorsque nous atteignons ce village après plus de 180
kilomètres de route sinueuse, il nous apparaît comme un endroit totalement
reculé, coupé de tout. Il ne s’agit en fait que d’une illusion d’optique :
s’il est désert à cette époque pluvieuse de l’année, tel n’est pas le cas lors
de la saison sèche. De nombreux touristes thaïs s’y pressent alors pour
s’enfoncer dans la « jungle » (toujours entre guillemets) et
découvrir la cascade de Thi Law Su.
Après
avoir réservé un trek pour le lendemain, nous dînons en regardant d’un œil
distrait des matchs de boxe thaïe diffusés à la télévision.
Journal de Zaz :
Bah… Pour ceux qui ont le mal des
transports, je vous conseille d’amener un sac plastique… ou même deux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire