jeudi 16 août 2018

Shopping spree


Bangkok, lundi 30 juillet 2018

Si Bangkok est réputée, c’est aussi pour ses marchés. Nous avions découvert celui de Chatuchak lors de notre premier passage. Direction à présent Chinatown, sur la rive droite de la rivière Chao Phraya, juste au-dessous du quartier historique que nous comptons visiter le lendemain. En compagnie de la famille française rencontrée à Hpa-An, surnommée la famille Bouddha (nous sommes la famille Pancake), nous nous perdons avec plaisir dans les minuscules ruelles couvertes emplies de boutiques où l’on trouve toutes sortes de babioles, nécessaires, utiles ou totalement superflues. Ces dernières sont toujours les plus intéressantes, évidemment, et nous fouinons avec plaisir dans les magasins kawai, les bric-à-brac et les quincailleries chinoises.






 











La déambulation se poursuit dans le marché aux fleurs et aux légumes. Nous goûtons à tous les étals : fruits en tous genres, beignets, brochettes, crabes frits que l’on mange avec leur carapace, pâtisseries à la noix de coco… C’est une délicieuse journée de pur farniente qui nous fait oublier la pluie qui s’abat obstinément sur la ville ce jour-là.



Mais Zaz est déçu. Ici, il espérait trouver une tenue de footballeur qu’il convoite depuis que le fils de la famille Bouddha lui a montré ceux qu’il avait achetés à Hpa-An. Ceux que nous interrogeons nous conseillent d’aller jeter un coup d’œil du côté du Platinum, l’un des grands centres commerciaux du centre-ville. Cédant à ses supplications, nous prenons des taxis qui ne tardent pas à se perdre mutuellement. Nous passerons donc la soirée de notre côté, sur la piste des maillots de foot que nous finirons par trouver sur un night market.

Pour fêter dignement la nouvelle garde-robe de Zaz aux couleurs de Barcelone et de Madrid, nous retournons manger des Miangs au Hemlok en compagnie de Mathilde et Camille, deux autres réfugiées de Hpa-An.




Journal de Zaz :

Bah… Si vous cherchez des maillots de foot à Chinatown, on vous dira d’aller au Platinum mais c’est faux. Il faut aller en face, dans un marché de nuit. En face d’un magasin de T-shirts de metal, il y en a.

Note : A Bangkok, tu ne peux jamais demander à deux taxis de se suivre sinon le premier fonce et le deuxième le perd.

Back in Bangkok


Bangkok, dimanche 29 juillet

Bus matinal pour les réfugiés de Hpa-An
Nous voilà de retour au point de départ. Un peu frustré et avec une curieuse impression de gueule de bois. Convaincus, en tout cas, que nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe. Aux aurores, le petit groupe des réfugiés de Hpa-An s’engouffre dans un petit autobus, direction Khao San Road et l’Art Hotel où nous avions passé notre première nuit. Nous n’y restons pas longtemps pour panser nos blessures et profitons de ce lever matinal pour nous rendre au marché flottant de Taling Chan, perdu au milieu du dédale de petits canaux du quartier de Thonburi.

Tenter de nous rendre, devrais-je dire… Car c’est Aliocha qui a pris la direction des événements et nous guide d’un pas très sûr jusqu’à… l’hôpital général de Bangkok – et plus précisément jusqu’à la morgue dudit hôpital. Ayant vu passé un macchabée, nous en déduisons que soit la réputation du food court de Taling Chan est surfaite, soit nous nous sommes trompés d’endroit. Il nous faudra tout de même une errance de près de trois-quarts d’heure pour nous en convaincre… et découvrir que le quai où nous étions censés prendre le bateau se trouvait en réalité à quelques centaines de mètres de notre hôtel…

Le longboat en question nous emporte à travers le labyrinthe des canaux pour une très belle ballade de près de trois heures. Du marché de Taling Chan, nous n’aurons le temps de voir que le food court qui est effectivement délicieux.





















De retour à Khao San Road, nous découvrons qu’une série de matchs de muay thai doivent se disputer le soir-même non loin de l’hôtel. L’entrée est gratuite et nous allons y jeter un coup d’œil. Il s’agit en réalité de matchs opposant des combattants thaïs à des challengers étrangers. Jamais je n’aurais imaginé qu’il puisse y avoir des champions de boxe thaïe iraniens. Mais je peux vous dire qu’ils ne sont pas manchots.


Journal de Zaz :

Bah… Le marché flottant est tellement grand que le bateau te demande de rentrer avant que tu aies pu faire le quart de la visite – tu as à peine le temps de manger !

Evacuation d’urgence


Hpa-An, samedi 28 juillet 2018

Réunion de crise des voyageurs pris dans la tourmente. Il apparaît que la route de Yangon est fermée, l’un des ponts ayant été submergé. Une alternative consisterait à descendre au sud, jusqu’à la ville de Mawlamyine, pour prendre un train qui nous permettrait de rallier la capitale. Mais rien ne dit qu’il roule encore. Personne ne sait rien et la connexion Internet qui fonctionne toujours ne nous est d’aucune aide : visiblement, tout le monde se contrefiche de ce qui peut bien se passer dans cette partie reculée de la Birmanie.
Nous apprendrons par la suite que même le gouvernement du Myanmar a dangereusement sous-estimé la gravité de la situation. A l’heure où nous nous interrogeons dans notre hôtel en voie de submersion, 10.000 personnes ont déjà dû quitter leurs maisons (le chiffre atteint 50.000, aux dernières nouvelles) et l’on déplore plusieurs dizaines de morts. Cette erreur d’appréciation vaudra à Aung San Suu Kyi un voyage dans le sud et des excuses officielles quoique un peu tardive…

Mais nous ne savons rien encore de tous ceux-ci, bien sûr. Et faute d’informations, nous ne pouvons nous en remettre qu’à notre instinct. Le nôtre nous dit de nous éloigner de la zone au plus vite – même si cela nous force à faire demi-tour. Or la route de Mae Sot est toujours ouverte… pour le moment. La décision est prise mais si les Belges nous emboîtent le pas, de même qu’un couple de jeunes Françaises rencontrées ce soir-là, la famille française hésite encore. L’infirmière californienne de Laszlo et son petit-ami français comptent tenter leur chance dans le sud (nous apprendrons par la suite que le train ne passe plus). Quant à l’Australien vivant à Yangon, il se réjouit plutôt d’avoir une bonne excuse pour prolonger ses vacances…

Le lendemain matin, l’eau a encore monté. Elle a totalement envahi le hall de réception de l’hôtel et le personnel a dû surélever tout ce qui craignait l’humidité – ordinateur, imprimante, dossiers divers… C’est en canoë que l’on vient nous chercher pour nous conduire aux voitures qui doivent nous ramener à la frontière.

Le voyage du retour se passe relativement bien. Mais à plusieurs reprises, notre quatre-quatre franchit des ornières pleines d’eau si profonde que le chauffeur doit recouvrir le moteur d’une couverture pour empêcher qu’il ne soit noyé. Nous aidons une autre voiture moins chanceuse que la nôtre à sortir de l’un de ces pièges aquatiques.

Sur les côtés de la route, une file ininterrompue de camions stationne, attendant que la route soit de nouveau praticable, ce qui ne se produira certainement pas avant plusieurs semaines. En attendant, Hpa-An et les autres villes de la région risquent de souffrir de graves problèmes d’approvisionnement. Nous sommes de plus en plus convaincus d’avoir pris la bonne décision. Notre chauffeur doit penser la même chose puisqu’il a profité de ce voyage pour évacuer sa « darling » et leur adorable petite fille.

En arrivant en vue du pont de l’amitié, nous ne pouvons réprimer un soupir de soulagement. Après avoir pris congé de notre chauffeur, le remerciant profusément pour son aide, nous franchissons la frontière pour la seconde fois en l’espace de quarante-huit heures. Le temps de faire découvrir la Casa Mia et ses banana pancakes aux autres Réfugiés de Hpa-An, nous voilà tous dans un bus en direction du sud.



Journal de Zaz :

Bah… Au début, il pleuvait beaucoup. Quand on est montés dans la chambre d’hôtel, j’ai vu la place du marché sous l’eau. J’ai été très impressionné : les journées étaient de pire en pire, il n’arrêtait pas de pleuvoir. En descendant de la chambre pour aller prendre le petit-déjeuner, j’ai vu des personnes en bas et on s’est rendu compte que le rez-de-chaussée de l’hôtel avait quarante centimètres d’eau. On a tenté d’aller à Rangoon mais le pont était recouvert par l’eau. Du coup, on a décidé de revenir à Mae-Sot. On est sortis de l’hôtel en bateau (!) jusqu’à un endroit où il n’y avait plus d’eau. Là, on a pris une voiture pour Mae-Sot.

En Thaïlande, on a mangé dans un très bon restaurant appelé La Casa mia. Il plaira à ceux à qui la nourriture d’Europe manque. Ne prenez pas les crêpes – elles sont faites à la façon thaïlandaise et ne sont pas très bonnes.