Le train serpente lentement à
travers les rizières et les volcans qui barrent l’horizon. On se
laisserait presque hypnotiser par le
doux ronronnement de la machine sans les pitreries de Zaz qui ne tient pas en
place. Il faut dire qu’on ne l’a pas ménagé. Faisons le point :
6h00 d’avion entre Paris et Doha
8h30 entre Doha et Jakarta
3h00 de train entre Jakarta et
Bandung
8h00 de train entre Bandung et
Yogyakarta
.
Ce n’est plus du voyage, c’est de
la fuite en avant !
Petit retour en arrière, donc. On
est partis de Paris après un dernier dîner chez Hippopotamus, histoire de
profiter une dernière fois de la haute gastronomie française. Le premier vol
s’est très bien passé. Mention spéciale à la programmation multimédia de Qatar
Airways : ils ont des dizaines de films à disposition qui couvrent
vraiment tous les genres, du film d’action musclé US aux films d’auteurs du
monde, de Bollywood aux grands classiques des années 60-70.
Escale à Doha et son immense
magasin de jouets, ses boutiques d’accessoires tape-à-l’œil et hors de prix et
cette impression étrange que les Qataris ne savent vraiment plus quoi faire de
leur argent. Zaz a bien profité des jeux mis à la disposition des enfants pour
se défouler un peu.
Arrivée à Jakarta de nuit. Sensation
de chaleur un peu gluante et odeur âcre de la pollution qui voile le ciel d’un
brouillard glauque. Puis c’est l’éternel ballet du touriste maladroit qui
zigzague pour éviter les sollicitations des taximen, trouver un distributeur,
calculer des cours improbables (1€ = 15.000 rupiahs), dénicher la seule compagnie
de taxi qui utilise un taximètre…
Ah, le calme climatisé d’une
voiture qui glisse à travers la ville de nuit. Ici, pas de musique qui hurle
comme en Thaïlande mais un silence ouaté. A travers la brume, on distingue
cette ceinture vaguement écœurante de bâtiments fonctionnels et insipides qui étrangle
toutes les grandes villes, de New York à Tokyo,
de Paris à Jakarta. Puis on découvre des quartiers pauvres, ni vraiment
bidonvilles, ni totalement pavillonnaires. Palissades et grillages le long
desquels patientent les prostituées. Scooters qui pétaradent.
L’hôtel est propre, anonyme et
fonctionnel, l’endroit idéal pour se poser et dormir après un long voyage.
Tellement idéal, en fait, qu’on n’émerge que vers 11h30. Solide petit-déjeuner,
rencontre avec le directeur de l’hôtel (un Français), et départ pour la gare
toute proche.
Fuir Jakarta. Telle est la
recommandation unanime qu’on nous avait prodiguée. Premier saut de puce
planifié à la hâte pour Bandung. Pourquoi Bandung ? Bah, c’est vers l’est
(la direction de Bali), pas trop loin, et puis on connaît le nom grâce à la
fameuse conférence qui n’a pas servi à grand-chose mais qui a fait beaucoup de
bruit.
3h00 d’attente pour 3h00 de
train, la rançon de l’improvisation. Durant le voyage, j’ai quand même
l’occasion de discuter assez longtemps avec Anton, un ingénieur en aéronautique
protestant qui se rend à une conférence à Bandung.
L’hôtel que nous a dégoté Aliocha
vaut surtout pour la fabuleuse collection d’articles kitsch qui encombre
chacune des pièces. Du grand art. Mine de rien, il est déjà 20h00 et on part à
la recherche de la rue Braga, haut-lieu de la vie nocturne de Bandung. Là, on
trouve un restaurant tellement typique qu’Aliocha mange un nacho (muy
piquante !) et Zaz des spaghettis sauce tomate. Je teste mon premier nasi
goreng (riz frit au poulet, œufs et fruits de mer, la paella locale, en quelque
sorte). Pas mal.
En rentrant à l’hôtel (il faut laisser
passer les rats gros comme des chats), premier coup de cœur : le café bistro
Cowboy (thé et café only, islam oblige) où un groupe joue les tubes des Rolling
Stones en l’honneur d’un fan dont c’est l’anniversaire. Ambiance chaleureuse.
Zaz, en star consommée, se laisse prendre en photo avec tous les clients.
Court dodo avant d’aller prendre
un train à 7h00, direction Yogyakarta, deuxième étape de notre voyage. C’est là
que se situent le grand temple bouddhiste de Borobudur et les temples hindous
de Prambanan. J’en salive d’avance.
Zaz et Aliocha se sont endormis
tandis que le train cahote tranquillement. Il est 10h00. Plus que 5h00 à tuer… Je vais peut-être faire comme eux.
Griff
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