jeudi 31 juillet 2014

mercredi 30 juillet 2014

Ambiance Club Amed

Nouvelle coupure Internet durant quelques jours. Le temps de déménager d'Ubud à Amed, groupement de petits villages de pêcheurs sur la côte est de Bali.

Un endroit paisible où nous avons décidé de nous poser quelques jours, le temps de ne rien faire. De toute façon, il n'y a pas beaucoup d'activités ici, en dehors de la plongée. Nous nous contentons d'un masque et d'un tuba pour explorer les bancs de corail qui s'étendent le long de la côte. Ambiance plongée en aquarium géant, entourés de poissons qui ne sont vraiment pas farouches.

Le soir, on se ballade le long de la plage pour regarder le soleil se coucher sur le mont Agung, le plus grand volcan de l'île qui est aussi le lieu le plus sacré pour les Balinais. Ceux-ci n'utilisent d'ailleurs pas les points cardinaux que nous connaissons mais les directions kaja et kelod correspondant à "vers Agung" ou "vers la mer". Cet axe est utilisé notamment pour déterminer où l'implantation des temples des villages et de l'autel domestique que possède chaque maison de l'île.

J'ai profité de notre séjour ici pour lire Bali, sekala & niskala, un essai de Fred Eiseman sur la religion balinaise. C'est un bouquin fascinant qui permet de mieux comprendre à quel point chaque moment de la vie balinaise obéit à des rituels aussi complexes que précis. Il ne s'agit pas ici uniquement des habituels rites de passages (même s'il en existe pas moins de 13 différents dans la vie de chaque personne !).

Les offrandes sont quotidiennes et s'adressent non seulement aux dieux (dewa) et aux démons (bhutas et kalas) mais aussi à tout ce qui permet à l'homme de vivre: plantes (notamment le riz et les cocotiers), objets usuels (cuisinière de la maison, véhicules) ou objets sacrés (instruments de musique, livres etc). Chacune de ces offrandes fait l'objet d'une codification très stricte (nature de l'offrande, moment de l'année ou de la journée où elle doit être faite etc).

Les habitants de l'île sont donc en prise continuelle avec le sacré. Chaque acte  s'accompagne d'une pensée pour les dieux: le repas, le départ pour la pêche, un long déplacement en voiture, la création ou la réparation d'un objet... Tout se fait sous le regard des dewas et la menace omniprésente des démons. On est loin de l'heure de messe hebdomadaire à laquelle se réduit souvent la spiritualité occidentale !

Curieusement, plus on se familiarise avec cet univers et plus on s'y sent étranger. J'ai souvent l'impression de passer à côté de ce qui est réellement important sans pourtant savoir ce dont il peut bien s'agir. Mais la conviction que j'ai toujours eue que l'homme occidental s'était coupé d'une dimension importante de l'expérience humaine n'a fait que se renforcer.

Coucher de soleil sur le mont Agung
C'est ce que doivent ressentir les gens qui se ruent dans les cours de yoga ou de médecine alternative à Ubud. Mais je doute qu'ils y trouvent de véritables réponses. La spiritualité qu'ils cherchent - que nous cherchons tous - ne peut être cultivée hors-sol. Elle ne peut advenir que dans l'inscription de l'être dans son univers, dans sa réalité quotidienne. C'est peut-être la seule véritable leçon à retenir de Bali. Il n'y a pas de vérité révélée. Juste la nécessité de retrouver une complicité avec le monde.

Constater ici ce qui nous manque là-bas puis revenir chez soi pour semer les graines d'un rapport nouveau avec les autres. C'est déjà un très beau cadeau que nous fait l'île du sourire.

Griff




samedi 26 juillet 2014

Welcome to Boboland !

Après notre séjour très rural à Munduk et après un passage obligé par l'un de ces temples modernes bien kitsch dont les Balinais ont le secret, nous voici à Ubud, capitale culturelle de l'île. C'est ici que ce sont installés plusieurs artistes européens dans les années 30, donnant naissance à un courant pictural qui continue à porter ses fruits aujourd'hui; Preuve en est l'exposition de miniatures balinaises contemporaines que nous venons tout juste de visiter.

Mais ce qui frappe le plus en arrivant à Ubud, ce sont moins les nombreux musées et galeries de peinture que les boutiques et les restaurants. Car depuis les années 30, Ubud est restée en phase avec l'occident. On imagine aisément que comme beaucoup de villes asiatiques, Ubud a embrassé le mouvement hippie des années 60-70. Mais elle ne s'est pas arrêté là, loin s'en faut!

Arpenter les rues d'Ubud, c'est pénétrer de plain-pied dans l'univers fantasmatique d'un bobo parisien ou d'un hipster new-yorkais. Des bars lounge élégants, de petites boutiques de designers, des restaurants cosy et "organic", des créateurs de bijoux, des spas, des officines d'aromathérapie etc... Hier, nous avons été manger dans un de ces hauts lieux de la culture bobo où l'on pouvait boire des cocktails sans alcool anti-oxydants ou coupés à la spiruline !!!

C'est qui assez troublant, c'est que tout cela se fait sur un fond d'ethno-folklorisme mal digéré qui mélange allègrement les cultures et les symboles dans un grand n'importe-quoi mondialisant bien gentillet. L'acculturation par le haut, en quelque sorte. Par contraste, nous avons souvent été frappés par l'ignorance dont les touristes faisaient preuve au sujet du pays qu'ils visitent. Lisent-ils seulement les guides qu'ils emportent partout avec eux?

Fort heureusement, il n'est pas trop difficile d'échapper à ce globi-boulga new-age et de retrouver le vrai Bali. Avec ses cerfs-volants par centaines qui flottent dans le ciel d'hiver, avec ses temples fleuris que nous découvrons les uns après les autres. Hier, nous en avons visité six, ce qui devrait nous assurer un niveau de pureté spirituelle rarement atteint ;-)


Parmi eux, mention spéciale au Turtha Empul et sa source sacrée où les Balinais viennent se purifier et au 282 marches (Zaz les a comptées) qui descendent jusqu'au Gunung Kawi, magnifique temple en partie creusé dans la roche.

Au fil de ces visites, nous avons remarqué un détail intéressant au sujet des temples balinais. L'esprit occidental y cherche en vain un centre, le "saint du saint" alors qu'ils sont conçus sous forme de réseau de bâtiments qui ne paraissent pas réellement hiérarchisés, les fidèles étant libres de déambuler de l'un à l'autre pour s'arrêter dans celui de leur choix. Vu de l'extérieur, ce détail apparemment anodin a le mérite de remettre le croyant (i.e. la foi et le lien avec la divinité) au coeur de l'expérience religieuse.

Nous avons également parcouru la fameuse forêt des singes qui abrite des milliers de macaques gris que nous avons pu observer à loisir. Contrairement à certains voyageurs que nous avons pu croiser, nous n'avons à déplorer aucune morsure. Comme tout le monde, j'imagine, nous avons souvent été frappés par les similitudes comportementales qui existent entre nos deux espèces.

Zaz a ensuite passé près d''une heure à me parler de Tarzan et de Cheetah. Je me demande si ce n'était pas une façon polie de me faire comprendre qu'il serait au moins aussi bien éduqué par nos cousins simiesques. En observant les touristes qui se baladent à Ubud, je me dis qu'il n'a peut-être pas complètement tort...

Griff

vendredi 25 juillet 2014

Munduk entre cascades et rizières

Munduk est une bourgade sans grand intérêt, constituée d'une unique rue bordée de Homestays et de warungs. Le marché local est minuscule bien qu'il compte une boutique intéressante: celle d'un luthier qui fabrique des flûtes balinaises ainsi que des xylophones.

Le temps est souvent beau le matin mais les nuages s'accumulent sur la montagne à la mi-journée. Cela nous vaut de très beaux couchers de soleil. Ici, on croise surtout des Européens. Nous y avons d'ailleurs retrouvé plusieurs de nos compagnons de route de Java.

L'étape vaut surtout pour ses deux ballades obligées: les cascades et les rizières. La première promenade est l'occasion de découvrir le sous-bois de l'île et sa flore magnifique. La seconde permet d'observer de près l'impressionnant système d'irrigation mis en place sur des kilomètres carrés de rizières.

Quelques images de notre périple:

D'une cascade à l'autre

Une fois de plus, nous avions une carte !




















 A travers les rizières





jeudi 24 juillet 2014

Mission accomplie

Dans notre dernier communiqué, l'expédition vous faisait part de l'existence du kopi luwak, ce café scatophile typique de la région. L'un des membres de notre expédition s'est courageusement dévoué pour tenter l'expérience et vous rapporter ses impressions.











 Notre courageux explorateur gustatif









Le petit animal profondément endormi après avoir englouti sa ration de grains de café.








Le... euh... résultat de la digestion dudit petit animal. A ce stade, notre cobaye fut pris d'un doute subit (je vous fais grâce des mouches).









Les grains de cafés partiellement digérés extraits de la substance précédemment mentionnée.

 Le percolateur post-moderne.








Après torréfaction des grains et percolation, le moment de vérité est arrivé...



L'avis de l'expert
Le café est léger (apparemment, la teneur en caféine est très faible) mais très riche en arômes. La composante animale est bien présente, un petit goût légèrement musqué qui contraste agréablement avec la légèreté du café.

Personnellement, je préfère les cafés plus corsés mais j'avoue que le résultat est convainquant. Ce n'est certainement pas un café de tous les jours (trop riche et trop subtil) mais il ferait un bon café à boire le soir (la faible teneur en caféine aidant).

Problème: à la plantation, le sachet de 250g. est vendu 40€. A l'export, j'imagine que le prix est doublé. Le luwak vaut-il un tel prix? Très franchement, non. A tester lors de votre prochain voyage à Bali, donc, mais si vous avez 80€ à investir dans du café, achetez plutôt du Blue Mountain de Jamaïque.

Griff

mardi 22 juillet 2014

De Permuteran à Munduk

Nous avons passé à Permuteran les quatre jours de farniente que nous nous étions promis de prendre dès notre arrivée à Java.

Aliocha et Zaz ont passé le plus clair de leur temps à barboter entre la mer et la piscine des hôtels que nous squattions de façon éhontée.

Quant à moi, j'en ai profité pour écrire un peu en sirotant ce café balinais qui ressemble beaucoup à celui que l'on boit en Turquie ou en Albanie. Je n'ai pas encore eu l'occasion de goûter le kopi luwak, un café qui est torréfié après avoir été partiellement digéré par une civette. Ce café de merde (au sens littéral du terme) est apparemment l'un des plus prisés du monde et je crois qu'une simple tasse avoisine les 20€!

A propos de café, il y en a beaucoup ici à Munduk, lieu de notre seconde étape balinaise. Nous sommes dans les montagnes et il fait nettement plus frais que sur la côte (ce qui n'est pas déplaisant).

Pour venir, nous avons pris un bemo, l'un de ces petits bus locaux que l'on hèle au passage avant de négocier âprement le prix de la course. Le nôtre arborait "God bless" sur le pare-brise mais ça ne nous a pas empêchés de crever en route.





Ci-contre, un petit aperçu des paysages que nous avons traversés avant d'arriver ici.








L'expédition devrait être un peu plus efficace maintenant que Zaz a localisé une carte. Evidemment, il faudrait déjà qu'on comprenne ce qu'elle peut bien représenter...



Salut à tous et bons baisers de Bali!

Griff

Don Giovanni in Bali

A Bali, j'avais décidé de me la jouer cool...

Je comptais surtout bosser ma guitare et travailler le mode dorien...
Et puis j'ai rencontré cette fille... Marie. Ça a été le coup de foudre...

On s'est fait des déjeuners en amoureux...


On est parti en croisière à l'autre bout du monde...

On avait même décidé de prendre un chien... Et puis...

J'ai rencontré Anouk. Ça a été le coup de foudre...

Mais j'ai triché au UNO et elle m'a plaqué.

Marie ne m'a jamais pardonné, bien sûr. Et je reste face à la mer. Chienne de vie...



vendredi 18 juillet 2014

Reprise des transmissions



Introduction en forme d’amende honorable

Toutes nos excuses aux financiers de l’expédition pour ce long silence radio indépendant de notre volonté. Les choses se sont accélérées et nous nous trouvons désormais à Bali où nous avons emménagé dans notre propre maison. Mais ne mettons pas la charrue avant les buffles.

Walking through Jogja

Jogjakarta (Jogja pour les intimes) est un endroit attachant. Pas vraiment beau mais assez plaisant à visiter en dépit de son immensité. Car la ville que l’on nous a présentée comme petite compte en réalité pas moins de 55 universités et il faut plus d’une heure pour sortir du centre en bus ! Contrairement à Bandung, il est possible de s’y promener à pied même si les distances poussent rapidement à se rabattre sur l’un des nombreux becak qui se disputent les faveurs des touristes.

Du kraton, le palais du sultan, je garde le souvenir torpide d’une matinée grise. Sur les marches de cet immense dédale de salles aux ors défraîchis patientent de vieux serviteurs en tenue traditionnelle, visages ridés et yeux rieurs qui interpellent Zaz. Ce dernier s’est découvert une vocation de canonnier dans la cour du palais.

Les pièces abritent un bric-à-brac d’objets hétéroclites : vieux uniformes, portraits de familles, arbres généalogiques tortueux, lampes et vaisselle des années 20, antiques chaises à porteur… On imagine sans mal que l’aile habitée est équipée de matériel hi-fi dernier cri mais dans cette partie offerte aux regards des touristes, il règne une douce mélancolie, une langueur du temps jadis qui s’insinue en vous et ne vous lâche plus.

Nous nous perdons ensuite dans les ruelles avoisinantes, labyrinthe de maisonnettes colorées et de petits jardins qui nous conduisent jusqu’à ce qui était autrefois le marché aux oiseaux. Mais là, pas de trace de l’ancien palais que nous cherchons. Un guide nous entraîne vers un escalier qui semble s’enfoncer dans les entrailles de la terre. Nous descendons dans l’ancienne mosquée qui me fait un peu penser à ces maisons tunisiennes à demi enterrées où fut tournée la célèbre scène de la taverne de Tatooine de Star Wars. L’escalier central à quelque chose de Borgésien.

De là, un nouveau tunnel nous conduit aux anciens bains du sultan. Comme le reste du palais, ils furent détruits par une éruption du volcan Merapi tout proche puis entièrement rénovés. Je reste songeur en découvrant la petite tour d’où le sultan observait le bassin où se baignaient les 40 femmes de son harem. De là,  il pouvait en choisir une pour l’accompagner dans sa propre piscine privée et la chambre à coucher attenante…

Sous le regard attentif des masques grimaçants chargés de protéger les lieux, nous découvrons les autres salles du vieux palais au milieu duquel se sont implantées les maisons plus modernes. Puis un becak nous emporte au nouveau marché aux oiseaux. Les habitants des Jogja adorent les oiseaux et la plupart des maisons retentissent de leurs chants. La pension où nous avons élu domicile compte une bonne dizaine de cages.

Le marché lui-même est immense. Des milliers de volatiles s’y achètent, s’y vendent ou s’y échangent. On trouve aussi d’autres animaux : chiens, chats, geckos, poissons multicolores, serpents et même des chauve-souris (il doit exister des indonésiens fan de musique gothique, j’imagine…). Le marché aux fleurs tout proche est plus petit mais vraiment charmant avec ses cascades d’orchidées de toutes les couleurs.

Praying in Jogja

Jogja était autrefois le centre spirituel de Java et l’on y trouve les deux complexes de temples les plus connus de l’Indonésie : Prambanan l’hindouiste et Borobudur le bouddhiste. Tous deux souffrent de la comparaison avec Angkor, bien sûr, mais ne manquent pourtant pas d’intérêt. Le temple principal de Prambanan est constitué de six bâtiments dont les trois principaux sont consacrés à la trinité hindouiste : Brahma, le créateur, Vishnu, le préservateur et Shiva, le destructeur.

Comme souvent en Indonésie, Shiva occupe la place centrale. Faut-il y voir l’influence d’un monde sur lequel pèse la menace constante de ces volcans majestueux et meurtriers ? Ironiquement, nous n’avons pu visiter le temple de Shiva qui est toujours en rénovation depuis qu’un violent tremblement de terre a endommagé l’ensemble du site.

Prambanan, c’est aussi notre première rencontre avec le Ramayana, cette épopée hindoue qui imprègne toujours si fortement l’art et la culture indonésienne. Ici, le théâtre, la danse et les spectacles de la marionnette commémorent à l’infini le souvenir de l’amour tragique de Rama pour Sita. A en juger par les réactions de Zaz, cette extraordinaire aventure n’a rien perdu de son actualité. Il fallait le voir encourager Hanuman et s’emporter contre les démons de Ravana qui s’apprêtaient à brûler le singe blanc !

Au pied du temple principal magnifiquement éclairé, ce spectacle prend des allures de célébration. La lancinante mélodie du gamelan, les gestes mécaniques de danseurs, les costumes colorés, tout contribue à vous hypnotiser. Le temps s’arrête où commence le mythe. Le ramayana est bel et bien éternel.

Borobudur est totalement différent. Ici, les temples ne s’élèvent pas vers le ciel pour honorer les dieux. Ils s’enroulent sur eux-mêmes, formant un mandala que l’on parcourt, les yeux fixés sur les fresques de pierre dont les motifs se répètent, formant un véritable mantra de pierre sous le regard énigmatique et doux des statues de Bouddha. Nous le parcourons jusqu’à la terrasse supérieure où les cloches de pierre des stupas cachent d’autre Bouddhas dont l’invisible présence a certainement valeur de message. Je ne suis pas sûr de savoir lequel…

Singing in Jogja

Jogja restera également l’endroit de notre première véritable rencontre avec les habitants de ce doux pays. Dans le train venant de Bandung, nous avions croisé une famille indonésienne rentrant de vacances. Nous nous étions promis de nous revoir. Evidemment, c’est le genre de promesse que l’on ne songerait pas à tenir en France. Mais nous ne sommes pas en France et les gens d’ici sont certainement les plus accueillants qu’il m’ait été donné de rencontrer. Nous voilà donc invités (au sens propre du terme) à dîner dans l’un de ces warungs, ces petits restaurants qui bordent chacune des rues de Java, laissant penser que personne ici n’aurait l’idée saugrenue de manger chez soi.

Au menu, cerveau d’agneau ! Ca a beaucoup fait rire Zaz ; moi, ça m’a rappelé mon enfance. Pas mauvais, en fait, une fois qu’on a surmonté l’impression d’être un zombi. Il y aussi des brochettes de foie façon sate, du riz, bien sûr, et des petites pâtisseries au sésame et à la banane qui font la joie de Zaz. On mange assis sur des tapis étalés au milieu d’un parking, au milieu des scooters et des motos.

Anni (la mère), nous invite ensuite dans le restaurant qu’elle vient d’ouvrir. Deuxième dîner à base de boulettes de viande et de crevettes frites. Et pendant qu’Anni et son époux vont prier tour à tour, Aliocha et Zaz se découvrent une passion commune avec les deux filles de la famille : la reine des neiges ! Je sais, vous pensez que je bluffe. Mais pas du tout : l’expédition a bel et bien rempli l’un de ses objectifs en enregistrant une version multilingue (plusieurs, en fait, au restaurant, dans la voiture puis de nouveau chez nos hôtes) de la chanson Délivrée, Libérée. Unbelievable…

Anni nous fait ensuite visiter l’une des trois maisons d’hôte qu’elle possède à Jogja. Imaginez un magnifique salon, salle à manger, cuisine en open space s’ouvrant sur une piscine en intérieur à ciel ouvert. Le tout meublé avec goût de façon très contemporaine. Et ce n’est qu’un avant-goût de la demeure de la famille où nous sommes accueillis ensuite. Là, au lieu de la piscine, c’est un beau bassin empli de poissons creusé dans la pierre et donnant sur une belle falaise artificielle à ciel ouvert.

Il pleut à torrent dehors tandis qu’Anni nous fait goûter des tas de spécialités locales (c’est notre troisième dîner) et un délicieux thé au gingembre et au poivre. Nous parlons de leur pays et du voyage qu’ils envisagent de faire en Europe, l’an prochain, à Londres, Paris et Rome. L’occasion de nous revoir, peut-être.

Nous déclinons une invitation à aller manger dans un autre warung vers minuit. Anni et son mari nous raccompagnent jusqu’à notre hôtel qui nous semble bien modeste au regard des maisons luxueuses que nous venons de visiter.

Leaving Jogja

La pluie qui continue à tomber par intermittence sur la ville nous a résolument interdit d’explorer les flancs du volcan Merapi comme nous nous étions promis de le faire avec Anni. Qu’à cela ne tienne, nous partons sur un coup de tête pour l’extrémité orientale de Java où nous attend le roi des volcans, le Bromo. Pas moins de 11 heures de car pour atteindre la montagne sacrée. Zaz se révèle une fois de plus être le voyageur idéal. Où trouve-t-il une telle patience, lui qui est si actif le reste du temps ? Mystère. Les autres passagers du minibus qui l’avaient probablement vu monter à bord avec appréhension n’en reviennent pas. Nous non plus, à vrai dire.

Au cours des deux jours suivant, notre étonnement ne cesse de croître. Ni les réveils à 3h00 du matin, ni les marches d’approche au milieu des émanations soufrées des volcans ne viennent à bout de la bonne humeur de notre lutin préféré qui cavale, rigole et découvre tout avec cet amusant mélange de curiosité et d’acceptation. Il monte à cheval pour la première fois de sa vie, gravit avec entrain les dizaines de marches qui conduisent à la gueule béante du Bromo, cherche des morceaux de lave dans la plaine recouverte de cendres…

Le lendemain le verra parcourir une partie du long chemin menant au volcan Ijen sur le dos de l’un des porteurs de soufre avant de terminer à pied cette éprouvante ascension. Là, nous découvrons le cratère au milieu duquel s’étend un lac aux eaux d’émeraude. Le vent est clément, nous épargnant les émanations de soufre qui sont parfois redoutables.

On a du mal à imaginer que ces véritables géants ne sont qu’endormis et qu’à tout moment, ils peuvent entrer en éruption. Et le Bromo et Ijen ne sont que deux cratères parmi tant d’autres qui parsèment l’Indonésie. Se trouver face à eux nous permet de comprendre un peu mieux certains mystères de ces îles. Tout invite ici à la modestie face à une nature que nul ne peut espérer dompter. Nature époustouflante de beauté qui peut se révéler soudain dévastatrice. L’Homme prend ici sa véritable dimension. Il n’est qu’un fétu de paille, une fourmi qui danse sur le visage d’un dieu assoupi.

Au pied du Bromo, un petit temple hindouiste nous parle du voyage qui nous attend et de notre prochaine étape…

A home in Bali

Il nous faut moins de quarante minutes pour parcourir le bras de mer qui sépare Java de Bali. Et pourtant, c’est un monde différent que nous découvrons de l’autre côté. Java est une immense métropole où se pressent des millions d’êtres humains. Par comparaison, les routes de Bali paraissent presque désertes. L’espace donne également l’impression d’être plus ordonné. En bus, nous croisons même des gens chargés de nettoyer le bas-côté des routes, chose impensable à Java…

Mon interminable narration vient d’être interrompue par une course-poursuite hilarante avec un chien très joueur qui avait profité de mon inattention pour dérober l’une de mes tongs ! Il a fini par avoir pitié de moi et me l’abandonner après m’avoir fait courir quelques minutes. Je suis donc revenu m’asseoir sous le bel auvent de bois du bel hôtel où nous sommes venus prendre notre petit-déjeuner. Face à moi, la mer s’étend à perte de vue. Le clapotis des vagues invite à s’allonger sur l’une des chaises longues qui paraissent me tendre les bras.

Aliocha et Zaz ont loué des masques, des tubas et des palmes pour aller explorer les coraux qui se trouvent à quelques dizaines de mètres du rivage et où nagent des centaines de poissons. Comme vous le voyez, la vie est dure pour nous…

Hier, nous étions beaucoup moins fiers en arrivant dans cette petite bourgade de Permuteran qui est connue pour ses coraux et sa presqu’île qui abrite une magnifique réserve naturelle. Après un lever à 3h00 du matin et l’ascension du volcan Ijen, nous nous sentions passablement épuisés. D’autant que la chaleur de Bali contrastait nettement avec la fraîcheur qui règne dans les montagnes de Java. Chargés de nos lourds sacs à dos, nous ressemblions assez à une famille  de tortues échouées sur le rivage.

Les premières investigations d’Aliocha ne contribuèrent guère à nous redonner le moral. Les hôtels du bord de mer étaient quasiment tous complets et les rares chambres disponibles avoisinaient les 60$ la nuit. Un peu piteusement, nous avons erré le long de la route à la recherche d’une guest-house plus modeste. Un Balinais nous a pris en pitié et conduit jusqu’à un petit hôtel qui offrait de jolies chambres à un prix très honnête. Mais il était situé un peu loin de la mer.

Koma nous a alors proposé une autre solution : louer la maison de l’un de ses amis pour une somme défiant tout concurrence. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec notre propre demeure. Nous avons une maisonnette avec son jardin, sa balançoire, ses arbres fruitiers (manguiers, papayers, citronniers et bananiers) et même ses animaux (des coqs et des poules, une grenouille qui habite dans un tas de sable et même un lapin sauvage surnommé Mona Lisa !).

Il y a juste à côté de chez nous un délicieux warung et nous ne sommes pas loin de la plage. Et pour le moment, le temps est au beau fixe. Nous prévoyons donc de rester quelques jours, ce qui nous donnera l’occasion de vous donner plus régulièrement de nos nouvelles.

Selamat malang à tous !

Griff